« Si vous faites quelque chose pour moi, sans moi, vous le faites contre moi ». C’est en utilisant cette phrase que le directeur exécutif du Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (CRADEC), Jean Mballa Mballa, a indiqué que la jeunesse camerounaise (plus de 70% de la population active) vit une crise dans le domaine de l’emploi. Lors d’une conférence-débat organisée le 16 février dernier à Yaoundé, sur le thème : « Place et rôle de la jeunesse dans la gouvernance budgétaire au Cameroun dans un contexte de crise de l’emploi », ce dernier a expliqué que les jeunes ne sont pas toujours au cœur de la dynamique d’implémentation du budget, qui génère pourtant des ressources pour les ministères en charge de l’emploi (MINEFOP), de la jeunesse (MINJEC), de l’agriculture (MINADER) ou des mines (MINMIDT).
Alors que les échanges auxquels prenaient part une centaine de participants se tiennent dans un contexte où le Cameroun éprouve des difficultés à offrir des emplois décents à ses jeunes, la conférence avait pour objectif de favoriser la participation active, pleine et efficace de la jeunesse à la gouvernance budgétaire. L’enjeu est de garantir que les politiques et les dépenses budgétaires répondent aux besoins et aspirations de la jeunesse, tout en contribuant à résoudre les défis économiques et sociaux auxquels la population jeune est confrontée. Toute chose qui participe à la réalisation de l’Objectif de développement durable (ODD) 8 qui met l’accent sur une croissance économique soutenue, partagée et durable afin d’offrir à chacun un emploi décent et de qualité. « Les jeunes qui doivent se prendre en main doivent questionner la politique budgétaire mise en place. Cette politique doit prendre en considération les besoins des jeunes en termes d’accompagnement et de ce que serait un emploi dans un secteur donné », soutient Jean Mballa Mballa.
L’entrepreneuriat comme bouée de sauvetage ?
Le Conseil national de la Jeunesse du Cameroun (CNJC) pour sa part, est mesuré. Selon son secrétaire général adjoint, Dave Mamenene, les jeunes sont régulièrement interpellés au niveau local, dans la promotion de la fonction publique locale. « Les mesures prises jusqu’à présent par les pouvoirs publics ont porté des fruits, sauf que l’ampleur du chômage et du sous-emploi est criarde au point où on a l’impression que c’est une goutte d’eau dans la mer », explique ce dernier. En se basant sur le fait qu’on ne peut pas construire un pays en comptant uniquement sur la fonction publique et le secteur privé, notre source ajoute qu’il faut regarder vers la culture entrepreneuriale. « Il est question de faire des plaidoyers auprès des institutions étatiques pour que l’on puisse davantage mettre des moyens nécessaires à la disposition de la jeunesse pour qu’elle se mette à son propre compte », précise M. Manenene.
Un plaidoyer en direction du ministère de la Décentralisation et du Développement local (MINDDEVEL) est en cours pour la mise en place des mécanismes nécessaires aux collectivités territoriales décentralisées afin qu’elles puissent recruter les jeunes qui apportent leur contribution au développement du pays. Le MINADER préconise d’ailleurs l’encadrement (plutôt que le financement) comme la clé pour améliorer la productivité et augmenter les revenus agricoles.